Entre rois et princesses [Privé]

Le début de la journée n'avait guère été de tout repos pour le Chef des Chevaliers. Levé comme à son habitude avant les aurores, il avait dû pousser hors du lit Haraal, qui éprouvait encore quelques difficultés à suivre le rythme de vie de son maître. Cela avait été certes plus facile pour lui alors qu'ils étaient partis à deux en mission sur l'île des Lézards, afin de vérifier que l'alliance avec ces derniers était toujours d'actualité. Là-bas, et sur la nef royale, ils dormaient relativement plus qu'au château, conditions de mission obligent. Le petit opalien aurait besoin d'encore quelques jours d'adaptation, et les choses iraient ensuite bien mieux.

Ils avaient ensuite partagé un bain, dans la salle des chevaliers. En tant que personnage royal, il avait droit à ses propres appartements, et de ce fait à ses bains privés. Pourtant, il ne désirait pas se couper plus qu’il ne le faisait déjà du groupe des chevaliers. Pourtant, à cette heure-ci, aucun d’entre eux n’était encore réveillé. Il lui arrivait parfois de croiser le chevalier Valtamir, qui se montrait occasionnellement matinal car il tenait beaucoup à son entraînement. Slaadhor avait toujours admiré la persévérance de ce frère d’armes, qui d’ailleurs était le seul à rivaliser arme en main avec lui.

Après ce bain, ils allèrent déjeuner ensemble dans la salle des chevaliers, où le roi parla à son écuyer de l’histoire de son pays, chose qu’il aimait particulièrement raconter, et sur laquelle Haraal l’interrogeait parfois. L’amour de ce petit pour les choses du passé n’était pas sans rappeler au chef des chevaliers son prédécesseur d’antan, et il espérait que cet enfant devienne quand l’heure viendra un aussi grand héros que Wellan de Rubis.

Après le repas, une grande partie de la matinée fut consacrée à l’entraînement de l’enfant. Slaadhor avait choisi de commencer avec lui par les bases, et perfectionnait en ce moment ses déplacements lorsqu’il se battait à l’épée. C’était un travail particulièrement rigoureux, mais l’attention de son apprenti lui fut d’un grand secours. Aussi s’entraînaient-ils encore lorsque les autres chevaliers firent ensemble leur apparition dans la cour. Ils les saluèrent et admirèrent un instant leur vigueur matinale, puis l’entraînement devint plus convivial. Haraal passait les armes avec d’autres apprentis et le Roi-Sorcier, en sa qualité de maître d’armes, conseillait les chevaliers.

Enfin, il se retira avec l’enfant, et le duo prit une nouvelle douche avant de s’habiller de leurs vêtements d’apparats. L’opalien avait sa tunique d’écuyer, et portait sa petite épée à sa ceinture tout comme son maître. Ce dernier s’était paré d’une tunique royale, qui lui descendait à mi mollet mais ne demeurait ouverte qu’à la taille. Elle était toute blanche, et brodée de fils d’or aux manches et à l’ouverture, par-dessus des liserés de soie rouge. Coiffé de sa fine couronne d’or blanc, et attacha ses cheveux en les tirant en arrière par deux tresses faîtes d’une main experte. Il s’entretint ensuite longuement avec lui, et ils parlèrent de toutes sortes de choses : les chevaliers, Haraal, sa mission chez les hommes-lézards, Shola, un peu d’histoire, leur ancêtre commun, leur famille,… Le grand-père maternel de Slaadhor avait eu deux filles. L’aînée était Liriel, sa mère, et l’autre avait enfanté le présent roi d’Emeraude après que sa sœur éprise de Daelhor, alors jeune roi de Shola, ne s’en soit allée avec lui pour les terres glaciales. Il sentait une réelle bienveillance de la part du monarque, et surtout une incroyable sincérité.

Lorsque Slaadhor quitta les appartements royaux, il était non loin de dix heures, d’après le cadran solaire qui était dans la cour. Il regarda Haraal qui lui souriait, et décida de passer dans la grande salle après avoir demandé à des serviteurs d’y apporter quelque collation, car l’enfant s’était relativement bien dépensé depuis leur réveil. Ce fut en y entrant que le monarque sholien remarqua la présence d’une jeune femme, dont la parure lui révéla presque immédiatement l’identité. Il avait entendu dire que la jeune princesse du Royaume de Turquoise était de passage au château. Il avait vers elle, arborant un sourire qui se voulait rassurant, car il savait pertinemment que sa stature pouvait en impressionner plus d’un. Avec courtoisie, il salua la jeune Dame.

« - Bien le bonjour. Je suis Slaadhor de Shola, je suis enchanté d’enfin vous rencontrer, noble demoiselle. »

Invité

Maelya était arrivée au château d’Emeraude très tôt dans la matinée. Elle avait fait tout le trajet depuis Turquoise en la compagnie du chevalier et prince Esmir. Ce dernier n’avait pas complètement eu le temps de bien lui faire visiter le château mais elle savait où se situait la salle du trône et les quartiers du prince et les siens. Du fait de l’emploi du temps quelque peu chargé du prince chevalier elle avait pu rapidement gagner sa chambre.

Celle-ci était très grande et très lumineuse de par ses larges fenêtres. Au centre de la pièce se trouvait un lit à baldaquin en bois magnifiquement sculpté, ces sculptures était d’un des travaux les plus minutieux et précis dont elle n’avait jamais vu. Elles représentaient différentes fleurs entrelacées qui grimpaient tout autour des piliers du lit, ceux-ci étant très haut cela donnait une sensation vertigineuse. On retrouvait également une coiffeuse, un paravent et un sofa du même style que le lit.

La jeune femme passa un long moment à admirer cette pièce afin de pouvoir enregistrer le moindre détail. Elle s’attarda beaucoup sur les sculptures du lit à baldaquin laissant son doigt courir sur les fines moulures.

Au bout d’un moment elle reprit la notion du temps et décida d’aller se laver, ensuite elle en profita pour se reposer un moment car Maelya n’avait pas l’habitude de faire de très long trajet puisque son père n’avait point voulu jusqu’à ce jour qu’elle sorte du royaume de Turquoise.

Lorsqu’elle se réveilla au bout d’une bonne heure elle eut en moment de panique en pensant qu’elle avait tout imaginé mais rapidement un sentiment de légèreté symbole de sa nouvelle liberté l’habita.

La princesse se leva et revêtit une de ces plus belles robes. Elle était écrue avec des dentelles bleu turquoise, quelques broderies au bas de sa robe et un lacet de la même couleur symbole de son pays, refermant sa robe à l’avant et mettant ainsi en valeur sa poitrine. Une fois sa robe enfilée avec l’aide d’une des dames de chambre, elle brossa sa belle et longue chevelure brune avec délicatesse et revêtit un diadème peu imposant sertie de pierre bleu turquoise également.

Une fois prête la jeune femme voulu rencontrer un peu de monde, on l’escorta donc jusqu’à la grande salle du château. Quelques minutes à peine après son arrivée un homme vêtue d’un tunique royale à la stature impressionnante et au sourire chaleureux s’avança vers elle et la salua avec courtoisie.
Elle arbora son plus beau sourire et plongea ses yeux couleurs amandes dans les siens.

« - Je suis enchantée de faire votre connaissance Slaadhor de Shola. Je suis la princesse Maelya de Turquoise mais je pense que vous le saviez déjà. »

Le regard de la jeune femme était débordant de franchise et de sincérité ; deux qualités qu'appréciait le Roi-Sorcier. Ses yeux noisette cherchèrent sans détour à accrocher le regard du monarque, dont les iris de jais à la lueur des flammes se paraient de reflets purpurins, et révélaient les iris verticaux de l'hybride félin. Quant au sourire de la princesse, il était on ne pouvait plus resplendissant, et offrait au souverain un véritable réconfort dans les tourments qui depuis trop longtemps obscurcissaient son esprit. Un soutien certes éphémère, mais néanmoins présent et peut-être, en fonction de l'échange qui allait avoir lieu, marquant.

La princesse se présenta sous son titre et son nom, comme le voulait la bienséance, et lui fit part de son assurance quant au fait qu'il soit au courant de sa présence en ces murs. En effet, c'était le cas et il n'était pas le seul à le savoir. Tous les chevaliers avaient été prévenus qu'une demoiselle de sang royal se trouvait dans l'enceinte du château, et Slaadhor avait tôt fait d'exiger d'eux qu'ils remplissent leurs devoirs de courtoisie, de complaisance et protection envers les familles suzeraines du continent. C'était là un rôle essentiel des Chevaliers d’Émeraude et visant l'excellence, leur chef ne leur aurait permis aucune erreur dans ce devoir que seule leur bonne foi pouvait correctement remplir.

- Sachez que le plaisir de cette rencontre est partagé, princesse. En effet, les chevaliers ont été prévenus de votre arrivée au Château d’Émeraude et sachez qu'ils mettront tout en oeuvre pour que votre séjour ici soit des plus agréables. Je vous présente Haraal, mon écuyer.

Sur ces mots, l'enfant s'inclina poliment en faisant sourire Slaadhor. Il doutait que certaines têtes brûlées parmi les chevaliers se comportent avec les manières adéquates envers une jeune femme de son rang, mais au moins ce petit bout d'homme savait y faire. Et pendant que naturellement le regard de Maelya se posait sur l'écuyer, le Roi-Sorcier en profita pour détailler très brièvement leur invitée. Elle possédait un visage poupin, et de longs et soyeux cheveux brun qui cascadaient jusqu'en bas de son dos. Sa taille était plutôt fine, ce qui combiné avec sa robe à lacet mettait en valeur sa poitrine. Il était évident que la jeune fille savait prendre soin d'elle, et qu'elle ferait un très bon parti pour qui aurait la chance d'être l'élu de son coeur.

- Nous nous sommes levés assez tôt pour notre entraînement, et nous apprêtions à prendre une collation. Peut-être désirez-vous vous joindre à nous?, lui demanda-t-il, tout sourire.

Pourtant, il avait une question qu'il devait avant tout poser.

- Comment se porte le roi, votre père? Il n'était pas en très bonne santé depuis ma dernière visite, mais cela date de si longtemps...

Sa voix s'était perdue tout comme son regard dans ses souvenirs. Il avait autrefois connu le Roi de Turquoise.

Invité

La jeune femme fut agréablement surprise par l’annonce de Slaadhor concernant le fait que déjà tous les chevaliers d’ Émeraude soient au courant de sa présence au château et qu’ils soient tenus de rendre son séjour parmi eux agréable. Cela lui fit vraiment plaisir, sa pire crainte de retomber dans la solitude s’était éteinte aussitôt puisqu’il y aurait constamment ou presque des gens autour d’elle.

Lorsque leurs regards se croisèrent, la princesse fut attirée par la couleur des yeux inhabituels du chef des chevaliers. C’était la première fois qu’elle en voyait des semblables, d’autant plus qu’ils étaient remplis d’une grande sagesse et d’un grand sens du devoir, ce qui lui plut beaucoup.

L’attitude du jeune homme que lui présenta Slaadhor comme son écuyer fut très respectueuse.
Ce qui la changea beaucoup des petits garçons turbulents qui ne prenaient même pas la peine de la saluer.Elle le gratifia d’un beau sourire.

-Enchantée Haraal.

Maelya regarda à leur tour l’écuyer et le maître et ce fit la reflexion qu’ils faisaient une bien curieuse pair.
En effet, le chevalier était grand et arborait une puissante musculature, si bien que son apprenti parraissait très petit et relativement fragile par rapport à lui. Mais la jeune femme ne se doutait pas que ce garçon finirait par devenir comme son maître après de nombreux et sûrement épuisants entrainements.

Quand la princesse sortit de ses pensées, elle surprit le regard de Slaadhor posé sur elle.
Sans qu’elle ne sache pourquoi cet homme lui inspirait beaucoup de confiance et elle se sentait vraiment à l’aise avec lui. Il faut dire qu’il montrait une belle assurance et une grande bravoure même si elle décelait en lui de vieilles souffrances….

-Je serai vraiment ravie de me joindre à vous pour cette collation lui dit-elle avec son éternel sourire.

Elle s’apprêta à les suivre lorsqu’il lui fit quérir des nouvelles de son père. Cela lui fit remonter d’anciennes blessures et pendant un instant son regard se voila d’une profonde tristesse en se remémorant cette période.

-Il est vrai que ma famille et moi-même avons vécu des moments douloureux lors de la défaillance de santé de mon père. Ce fut une longue épreuve pour lui comme pour nous mais il a été très fort et vaillant et grâce à cela ainsi qu’à l’intervention de nombreux guérisseurs il s’en ai bien sortit.

Maelya resta un moment plongée dans ces souvenirs, revoyant son père dans son lit, amaigrit, d’un teint d’albâtre et bougeant à peine. Elle se rappelait les longues journées qu’elle avait passé à son chevet le voyant dépérir un peu plus chaque jour.
Ses yeux se remplirent de larmes mais elle se reprit à temps. Tout cela n’était qu’une mauvaise période, son père était maintenant en bonne santé et il était entre de bonnes mains.

La jeune princesse était définitivement une personne bien élevée, mais aussi qui respirait la sincérité et le bon sens. C'était une bonne chose de croiser ce genre de personnes, surtout en cette époque. Ce n'était pas que le Chef des Chevaliers avait à se plaindre de ces derniers, car ils étaient de nature bonne, et avaient bénéficié d'une éducation des plus correctes, dont il avait lui-même participé de temps à autre.

En tant que maître d'armes, il leur avait appris à toujours se battre de manière honorable sur le terrain, mais aussi dans leur vie de tous les jours. Il leur avait enseigné que la paix et la liberté sous toutes leurs formes étaient des valeurs qui valaient la peine que de courageux guerriers soient prêts à faire couler pour elles sueur et sang, si elles s'en retrouvaient menacées. Ainsi, il n'avait jamais rencontré venant d'eux des problèmes à ce niveau. Certes, certains étaient plus turbulents que d'autres, et tous étaient humains, donc pas à l'abri d'erreurs, mais il les savait bonnes leur volonté et leur éducation.

Ce n'étaient malheureusement pas le cas de tout le monde sur ce continent, et il n'était pas rare de voir des gens de sang royal trop prétentieux ou arrogant pour ne se juger sujet à l'abri de ses manières. La manière la plus simple de les reconnaître, et sûrement la plus fiable était de regarder leurs façons avec leurs sujets, et surtout leur personnel domestique. Certes, cela ne faisait pas tout, mais du moment où ces derniers craignaient leur maître, il n'y avait plus à douter de la nature de ce dernier.

Fort heureusement, ce n'étaient pas tous les monarques qui étaient ainsi. Fort des enseignements de son père, Slaadhor se montrait respectueux de chacun qui travaillait à son palais, et il en était de même pour ses sujets. Il était prêt à parier qu'il devaient en être de même pour la jeune princesse qui se tenait en face de lui, car il savait que son père était un homme bon. Tout comme le Roi d’Émeraude d'ailleurs, qui était un être de grande bonté. Le Roi-Sorcier l'avait clairement lu en son cousin, et tous les deux s'entendaient bien pour cette raison.

Il écouta le discours de Maelya, qui ne le surprit guère et ressentit la profonde tristesse qui l'envahit. Il aperçut même les larmes qui voilèrent son regard alors qu'entrait dans la salle les serviteurs qui leur apportèrent à manger, et que le roi guerrier remercia. Il vint s'asseoir aux côtés de la jeune fille et lui prêta un mouchoir, car ses larmes finiraient forcément par rouler sur ses joues, si ses yeux s'en étaient embués quelques instants plus tôt.

- Tenez, lui dit-il en le lui tendant. Je ne me suis pas inquiété pour votre père, malgré sa maladie. Il y a plusieurs années, des troupes ennemies ont je-ne-sais-comment traversé Zénor, puis longé la frontière nord de Fal. A cette époque, les soldats sholiens défendaient encore le continent, et nous avons repoussé votre père et moi côte à côte nos assaillants. Il a malheureusement dû quitter les combats, à cause du mal dont il était atteint, mais j'ai clairement vu que c'était un homme fort... et qui voulait voir grandir son enfant qui venait de naître.

Il l'annonça à la jeune femme en souriant, essayant de lui remonter le moral. Il s'en rappelait comme d'hier, de ce roi qui lui avait montré un autre exemple de la puissance de l'amour paternel que pouvait avoir un homme, et que lui-même aimerait éprouver.

- ... et le nourrisson sur le berceau duquel je me suis penché lorsque j'avais votre âge se tient aujourd'hui devant moi. Oh, ce n'est plus enfant, car elle a échangé ses langes turquoises contre une magnifique robe de la même couleur. Comme quoi le temps passe vite...

Il plongea dans ses yeux un regard bienveillant, et pour la première fois de sa vie, il se sentait vieux. Pourtant, c'était là une chose qu'il acceptait.

Invité

La belle demoiselle prit avec élégance et grâce le mouchoir que lui tendait le chef des chevaliers. Elle le remercia d’un signe de tête et les yeux remplis de gratitude car sa gorge était encore trop serrée pour pouvoir articuler le moindre mot. Maelya écouta attentivement tout le récit de Slaadhor et cela lui fit vraiment chaud au cœur de voir cet homme raconter cette histoire avec tant de convictions et d’admiration que laissait transparaitre sa voix.

Elle voyait bien que le Roi sorcier faisait tout pour qu’elle ne repense plus à son chagrin, il essayait à sa manière de la distraire. Il continua son récit de guerre avec tout autant de passion et cela rappela beaucoup de souvenirs à la princesse. Comme les nombreuses fois où elle s’entrainait à l’arc dans la forêt ne ratant pratiquement jamais sa cible.

Dès son plus jeune âge, elle avait eu l’aversion pour cet art qui était à la fois beau et meurtrier. Certes ce n’était peut-être pas un sport ou même une passion digne d’une princesse mais cela lui était égal. La jeune femme avait toujours obéit et appliquer les règles de bienséance, elle traitait ses serviteurs et tout le monde autour d’elle avec beaucoup de respect et n’hésitée pas une seule seconde à venir en aide à une personne telle qu’elle soit, ce qui lui valait une belle réputation auprès de son peuple. Cependant l’arc ne rentrait pas dans le moule de son apprentissage mais il apportait beaucoup à la princesse. C’était à la fois un moyen de s’évader et d’évacuer le stress quotidien et en même temps cela lui apprenait à son défendre et à défendre son peuple si jamais il s’avérait utile.

Maelya reprit le court du récit du prince lorsqu’il lui fit le discours dans lequel il lui relatait le fait qu’il l’avait vu dans son berceau. Cela troubla et gêna la jeune femme, d’une part parce qu’il l’avait vu si jeune et d’autre part parce qu’elle ne s’attendait pas à une si grande différence d’âge entre eux.
Mais malgré tout elle ne discernait en lui aucun trait de vieillesse mais qu’une immense et éblouissante sagesse et un certain attendrissement à son égard.

-Vous êtes vraiment un homme d’une grande bonté Slaadhor de Shola. Il est vraiment difficile de rester triste avec vous. Vous êtes d’une grande générosité et n’hésitait pas à aider les autres je le vois dans vos yeux. Cela doit être une des principales valeurs d’un chevalier et j’admire votre écuyer d’avoir un maître comme vous, si il suit votre exemple il deviendra certainement un grand homme lui aussi.

La princesse adressa un sourire à Haraal. Elle avait toujours le mouchoir du chef des chevaliers dans les mains, elle avait réussi à contenir ses larmes même si elle savait que lorsqu’elle serait seule et qu’elle repenserait à tout ça elle éclaterait en sanglots.

-Puis- je garder votre mouchoir ? lui demanda-t-elle. A moins que celui-ci est une valeur sentimentale à vos yeux ?

Elle remarqua ensuite qu’elle n’avait encore rien mangé alors que tout le monde s’était déjà bien servi car ils avaient pour la plupart des personnes présentes avaient eues une matinée épuisante. Maelya ne mangea pas beaucoup car son ventre était encore un peu noué du fait du passage de diverses émotions et des vieux souvenirs qui l’avaient assaillies quelques minutes plus tôt, même si grâce à Slaadhor cela été terminé.

-Sachez que cela me touche sincèrement que vous teniez mon père aussi haut dans votre estime. Peut -être que lorsque vous aurez le temps vous viendrez lui rendre visite à Turquoise ? Cela lui ferait grandement plaisir et à moi aussi par la même occasion.

La jeune femme posant sa main sur l’avant-bras du chevalier et lui sourit.

Les qualités qu’il avait plus tôt décelées chez elle ne semblaient que s’affirmer au fil de leur échange. Sincérité, gentillesse, honnêteté… plus Slaadhor passait du temps à converser avec la princesse de Turquoise, plus il réalisait qu’en face de lui se tenait une personne réellement bonne. Son regard empli d’une gratitude réelle ne pouvait que le confirmer, mais le Roi-Sorcier pouvait encore déceler chez elle une certaine souffrance, une géhenne qu’attentions et mots doux avaient pour l’instant enfoui… Le brasier était éteint, mais les cendres encore chaudes couvaient toujours, menaçant de rallumer la douloureuse flamme lorsque soufflerait trop fort le vent de la solitude.

Slaadhor se savait responsable de cette situation. Il ne culpabilisait pas au point de perdre ses moyens, mais il était celui qui avait éveillé en elle ces souvenirs de mal-être et de ce fait, il était à présent de son devoir de réparer la situation. C’était ainsi qu’il avait toujours agi. Dès son plus jeune âge, Daelhor lui avait enseigné à assumer coûte que coûte ses responsabilités, fussent-elles bonnes ou mauvaises, légères ou pesantes. Il escomptait à présent non sans détermination se rattraper auprès de la Princesse.

Fort heureusement, le récit de son passé captiva la jeune femme qui l’écouta avec grande attention, à l’instar des enfants qui boivent les histoires que leur racontent leurs parents au coucher. Bien évidemment, cela détournait suffisamment son attention afin d’enterrer un peu plus profondément les mauvaises souvenances évoquées plus tôt dans leur conversation. De la sorte, le Chef des Chevaliers espérait qu’elle n’y repenserait plus, bien qu’il se doute qu’il faudrait pour cela quelque chose de particulièrement bon et fort.

Elle le complimenta par la suite, prononçant quelque flatteur éloge à l’égard de sa bravoure et de sa gentillesse. Des paroles qui ne manquèrent point de toucher le sholien, et qui firent sourire son jeune écuyer. C’était rare qu’on le complimentait ces derniers temps, mais il fallait dire qu’il n’y était pas étranger… Rongé, dévoré par le doute, l’incompréhension et la rage, il prenait de plus en plus ses distances envers ses frères d’armes. Certes, il accomplissait ses devoirs et partageait toujours quelques moments avec eux, mais le Roi-Sorcier se faisait de plus en plus effacé. Cela n’avait pas mangé d’inquiéter les magiciens qui -hormis l’ancien Magicien d’Emeraude- ne le portaient guère en estime à cause de la nature des arcanes qu’il maîtrisait et qui en avaient prévenu le Roi, son cousin. Ce monarque était un homme bon, et un souverain juste. Il faisait confiance à Slaadhor, avec qui il entretenait une relation de respect et de camaraderie mutuelles. Fort heureusement, Haraal était arrivé, et la présence de l’écuyer à qui il devait montrer le bon exemple le forçait à passer finalement plus de temps auprès de ses hommes, même si spontanément il aurait choisi la voie de l’isolement.

Avant qu’elle ne se serve, elle lui demanda si elle pouvait garder avec elle son mouchoir, ce qui quelque part fit sourire le guerrier malgré le fait que cela ne fasse que confirmer ses précédentes hypothèses quant à son chagrin. Slaadhor hocha la tête, posant sur elle un regard à la fois bienveillant et protecteur.

« - Bien évidemment, vous pouvez le garder. C’est un présent que je vous fais en l’honneur de voter amabilité et de votre gentillesse. Vous êtes une de ces âmes lumineuses et bienfaitrices dont a besoin notre monde, si sombre et hanté par des fantômes plus ténébreux encore que les plus noires nuits, une chaleur qui sait réchauffer même les cœurs en proie aux plus rudes hivers. »

Il faisait là implicitement référence au sien, même s’il était extrêmement difficile de le deviner. Cette rencontre avait su égayer la matinée du Chef des Chevaliers, mais surtout lui redonner quelque peu espoir, lui montrer qu’il y avait encore de belles choses en ce monde à défendre. Alors que tous mangeaient déjà afin de récupérer de leurs matinaux entraînements, Slaadhor se contenta de piquer un bout de fromage du bout de son poignard, et de le grignoter de manière si insignifiante que ses marques de dents faisaient immanquablement et de manière cocasse penser à celles qu’auraient laissées une souris sur le morceau d’Eidar. Cela fit rire Haraal que l’homme regarda un instant avec incompréhension et dont il ébouriffa les cheveux. Il promena ensuite son regard sur l’assemblée, et déposa la nourriture dans son assiette. Il n’avait guère mangé, mais personne ne le remarqua. Il fut sorti de ses pensées par les paroles à nouveau bienveillantes de Maelya, et ne put s’empêcher de lui sourire à son tour.

« - Je vous promets que si nous passons par votre Royaume, je viendrai vous visiter vous et votre père si cela m’est permis. »

Son geste de douceur n’avait pas échappé au Roi, qui posa sa main sur la sienne de manière protectrice. Il réaffirmait par là quelque part son devoir de Chevalier, mais aussi de Roi et surtout d’homme, ne faisant par habitude cas de la différence de taille entre leurs mains. Un devoir pour l’accomplissement duquel il fallait être un Homme… A part entière…

Il remarqua en cherchant de l’eau qu’il n’y avait à leur portée que quelques cruches de vin, et crut bon d’en ramener pour la Dame, dans un pichet en cristal. Il lui en versa évidemment un verre, avant d’un vider un lentement à son tour, surplombant de toute sa grandeur la table et l’assemblée de chevaliers qui dînaient joyeusement. C’était là son autre armée, et avec celle-là aussi il devait éviter les fatales erreurs qu’il avait avec la première commise.

Et qui remarqua alors la prestance de ce personnage ? Alors qu’un rayon de soleil perçait à travers les hautes fenêtres et venait frapper sa chevelure immaculée, la parant alors de reflets à l’éclat d’argent qui faisaient honneur à son ascendance la plus lointaine, qui s’aperçut de la grâce qui pendant un instant s’était emparée de chacun de ses traits ? A ce moment l’homme n’était plus… Il ne restait de lui qu’un personnage de contes et légendes, aussi imposant et lointain que ses statues à l’effigie des rois d’antan. Il n’était plus que cela à cet instant : gloire et majesté.

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La flamme symbole de sa souffrance était encore bien là au fond d’elle-même si elle mourrait petit à petit comme le feu s’éteint dans une cheminée après avoir consumer tout le bois.
La jeune femme ne s’était jamais ouverte à personne sur ces évènements qui l’avaient marqué pour toujours. Et certes Slaadhor avait peut-être, sans faire attention, raviver cette flamme, mais d’une certaine manière il l’avait en partie libéré d’un poids qu’elle portait dans son cœur depuis plusieurs années. Elle lui en était reconnaissante pour cela.

Lorsque le chef des chevaliers lui assura qu’elle pouvait garder son mouchoir et qu’il se mit a lui dire de belles paroles empreintes de poésie, Maelya en fit extrêmement touchée. C’était la première fois que quelqu’un, et qu’un homme qui plus est, lui disait des choses si gentille et si plaisante.

La princesse se demanda si lorsqu’il lui émit le fait qu’elle était une chaleur qui savait réchauffer même les cœurs en proie aux plus rudes hivers, si il ne parler justement pas de lui. Mais c’était avant tout un merveilleux compliment qui ne nécessitait pas forcément le fait que le Roi-sorcier y soit impliqué. Elle fut d’autant plus ravie lorsqu’il lui fit la promesse qu’il viendrait la voir si il passait dans son royaume et si bien évidemment il le pouvait.

Elle remercia la délicate attention de Slaadhor pour le verre de vin qu’il venait de lui servir et elle en apprécia que plus les différentes arômes et saveurs qui s’accumulaient dans sa bouche. Tout ce qu’elle avait entendu sur le chevalier était vrai : sa sagesse, son sens du devoir, sa gentillesse mais surtout la prestance qu’il occupait par sa simple présence.

Quand un rayon de soleil perça les nuages et éclaira la grande salle, cela égaya encore plus sa journée. La jeune femme fut alors frappée par la magie de cet instant et la beauté du chef des chevaliers avec sa belle chevelure aux reflets argentés, elle fut stupéfaite par cette beauté majestueuse qui lui donnait des airs irréels tout droit sorti d’un conte. Cette curieuse sensation qui avait naquit au fond d’elle lorsqu’elle avait croisé les yeux du roi de Shola se fit un peu plus forte.

Au bout d’un moment Maelya se rendit compte qu’elle fixait toujours Slaadhor et que son jeune écuyer Haraal l’avait bien remarqué et la regardé d’un air amusé. Elle détourna furtivement le regard le rouge lui monta aux joues. Puis timidement et laissant courir son dos sur les contours de son verre elle s’adressa au chevalier :

-Le Roi d’Emeraude organise un bal ce soir en mon honneur, je voulais savoir si vous ….. euh si vous voudriez venir avec moi ? Enfin ne voyait là aucune obligation, c’est une simple…. Proposition dit-elle gênée.

Slaadhor promenait son regard d’ébène sur le petit groupe de chevaliers assis à cette grande table en chêne et qui bavardaient joyeusement. Une nappe verte avait été dressée, mais la salle des chevaliers respirait une douce ambiance chaleureuse. Le feu de cheminée n’y était pas pour rien. L’automne touchait à sa fin et bientôt viendrait l’hiver. Naturellement, l’air se faisait déjà plus frais, et la brise glaciale. C’était là le climat préféré du sholien, car la saison hiémale n’était pas sans lui rappeler sa terre natale.

Lorsque la jeune princesse lui adressa la parole, il posa à nouveau sur elle son habituel regard bienveillant, qu’il n’avait pourtant que très peu arboré ces derniers temps. Les heures étaient sombres pour lui, et de ce fait, il doutait parfois de sa capacité à correctement diriger sa troupe de soldats. Il savait que ces derniers l’épauleraient en cas de besoin, mais redoutait tout de même les erreurs de jugement qu’il était probable qu’il commette.

Maelya lui parla du bal qu’avait organisé le roi en son honneur. Il était vrai que dans un souci de courtoisie, le souverain d’Emeraude avait ordonné que l’on donne un grand bal pour la prestigieuse invitée que représentait la princesse de Turquoise. Slaadhor ignorait s’il avait dans l’idée de la marier à son fils, mais en doutait. Quiconque entrait dans l’Ordre abandonnait de ce fait ses droits de succession, et de cela, les deux monarques étaient conscients. Pourtant telle était peut-être son idée, dans l’espoir -partagé par tous les peuples libres de cette terre et par leurs représentait - qu’un jour cesse cette guerre.

Le Roi-Sorcier ne désirait pas se mêler d’affaires qui ne le concernaient point, et était parfaitement conscient des enjeux et des bienfaits que pouvaient générer ces unions arrangées, qui généralement se terminaient très bien. C’est pourquoi il posa un genou par terre pour se mettre à la hauteur de la jeune femme et prit avec une grande douceur sa main dans les siennes, observant à nouveau l’incroyable différence de taille et de rudesse.

« - Je ne saurai quoi vous répondre Maelya. Vous êtes sans conteste une femme charmante et qui a tout pour plaire, mais je crains fort que cela ne soit mal vu par mon cousin et hôte. Qui plus est », poursuivit-il sur un ton plus léger, « je suis si grand qu’il est presque impossible pour quiconque de danser avec moi. »

Il avait un regard rieur et détendu en prononçant cette anecdote, car pour lui sa taille n’avait jamais été un problème. Etre un colosse avait toujours été un avantage pour le moins important sur un champ de bataille, et l’homme savait très bien que c’était là qu’il passerait la plus grande partie de sa vie, et que sûrement il la finirait. Il était un enfant de la guerre, était né pendant celle-ci, mourrait sûrement par elle aussi. Les sholiens n’avaient pas la même perception de la mort que les autres peuples. Ils l’acceptaient, et l’accueillaient même à bras ouverts si tant est qu’ils expiraient l’arme à la main. C’était cela qui faisait d’eux des guerriers féroces, redoutables et intrépides.

Slaadhor reporta son regard dans les yeux noisette de la princesses, et lui sourit gentiment.

« - Cependant, je ne refuse pas votre offre. Je vous demande simplement un peu de temps pour y réfléchir. Je ne peux être votre cavalier, mais vous offrir mon bras comme le ferait tout galant homme ou ma compagnie ne m’est guère impossible. »

Spoiler:

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Le sholien était une sorte de modèle pour Maelya car il était à la fois roi, sorcier et avant tout chevalier, tout ce que la jeune femme rêvait de devenir. Elle aimait certes beaucoup la vie de château et elle l’admettait elle aimerait régner quand le temps sera venu mais si intérieurement elle pensait le plus tard possible.

La jeune femme deviendrait sans doute une grande reine mais au fond d’elle-même si parents avaient pratiquement toujours étaient justes elle mais leur en voulait de ne pas l’avoir envoyé au château d’Emeraude pour devenir chevalier et ainsi protéger ce qui lui était de plus cher : Enkidiev et sa population.
Certes elle comprenait la décision du roi et de la reine de Turquoise, la jeune femme était leur seule et unique héritière, elle était la prunelle de leurs yeux. Malheureusement le destin en avait pour l’instant voulu ainsi c’est pourquoi la princesse s’entrainait sans relâche tous les jours à l’arc.

Lorsque Slaadhor se mit à genoux et prit la douce main de Maelya en contraste avec la main rugueuse du chevalier, mais cela elle n’en tint pas compte, ces yeux étaient rivés sur le chevalier et pendant un moment elle crut qu’il allait accepter son invitation mais elle fut un peu déçu mais elle ne pouvait pas lui en vouloir.

Il est vrai qu’elle n’avait pas pensé que cela soit mal vu notamment par son charmant hôte, elle savait que le roi d’Emeraude cherché une princesse pour son fils Esmir et elle se doutait qu’il ferait tout pour les mettre ensemble mais elle n’éprouvait pas de sentiments profond pour le prince et lui non plus d’ailleurs. Il le lui avait clairement dit et c’était empressé d’aller mettre les choses au clair avec son père.

Toutefois Slaadhor n’avait pas complètement refusé son offre, il allait y réfléchir et puis qui sait elle allait peut être bien trouvé un moyen de le faire danser.

-Je comprends bien Slaadhor, vous avez sûrement raison cela ferait sûrement mal venu vis-à-vis du roi d’Emeraude si il nous voyait arriver ensemble tout les deux mais si il sait très bien que son fils Esmir n’a aucune intention de m’épouser.

Sur ces mots, elle se détourna quelques peu du chef des chevaliers et bu deux, trois gorgées de vin.

Ce fut tout naturellement que Slaadhor ressentit chez la jeune princesse une certaine déception à l’annonce de ses paroles. Il était vrai que l’idée de lui offrir son bras le temps d’un bal était tout à fait charmante, car ils auraient pu échanger encore de bons moments avant qu’il ne soit trop tard pour cela : que la jeune femme soit promise à un prince, ce qui rendrait cette relation inconvenante, ou qu’elle reparte pour le château de Turquoise. Lui aussi aurait aimé que les choses se passent autrement, et il espérait encore pouvoir changer la situation. S’il était bien une chose que son père lui avait enseignée, c’était de se battre pour les causes qui lui paraissaient justes, et une belle soirée méritait au moins qu’il essaie.

Pourtant, Maelya fit preuve d’une certaine sagesse que ne possédaient pas bien des héritiers de son âge, ou même plus âgés, en acceptant la situation, en la comprenant. Cependant, ils furent des paroles qui rallumèrent en le Roi-Sorcier quelque flamme d’espoir. Il ne voyait guère son cousin obliger une jeune fille à se marier avec un homme qu’elle n’aimait pas, mais il était fort possible qu’il insiste tout de même, afin de faire comprendre à son fils les responsabilités qui incombaient à un héritier. Trop de jeunes gens de sang royal ne voyaient que le bon revers de la médaille… Malgré cela, il était certain que s’il parvenait à faire entendre raison à son fils, le Roi d’Emeraude n’irait pas jusqu’au bout de cette idée, car il était un homme noble au bon fond.

Le sholien regarda Haraal qui discutait joyeusement avec d’autres écuyers, et lorsqu’il tourna les yeux vers la jeune femme, celle-ci avait porté à ses lèvres la coupe de vin que quelques instants plus tôt il lui avait servie. Il ressentait encore sa déception, et voulait à tout prix l’endiguer, l’effacer. Encore une fois, il avait éveillé chez elle de sombres émotions. Il en vint un instant à se demander s’il était si longtemps resté en retrait que cela avait affecté ses capacités à se montrer attentionné et agréable envers une personne, et plus particulièrement une femme. C’était là une raison de plus qui venait s’ajouter à la longue liste qui justifiait le fait qu’il essaie de changer son comportement, même si cela n’était pas facile.

C’était en réalité une véritable guerre que se livraient ses sentiments et sa raison, et Slaadhor se demandait souvent s’il lui était possible de les accorder ou s’il devait continuer à en souffrir le restant de ses jours. Un prix acceptable, comparé au sacrifice que d’autres avaient faits, à la douleur que d’autres continueraient de ressentir jusqu’à ce que ne s’ouvrent à eux les portes des grandes plaines de lumière.

Reportant son attention sur la jeune femme, le suzerain comprit qu’il devait maintenant lui changer les idées. Il savait d’expérience que pour ça, il fallait employer quelque chose qui lui tenait à cœur, et ce fut en voyant Valtamir manger au loin qu’il comprit que faire. Ce chevalier était sans aucun doute le plus habile combattant de tout l’ordre, le seul qui pouvait tenir tête à leur chef et qui d’ailleurs lui donnait énormément de fil à retordre lors des entraînements. Lorsque le prince d’Argent allait mal, Slaadhor n’hésitait pas à le faire combattre amicalement contre lui, ce qui avait tendance à faire oublier au jeune chevalier ses soucis. Par la suite, il se remettait de lui-même dans le droit chemin.

Le monarque regarda à nouveau la princesse, alors qu’il ne s’était pas encore relevé. Il lui adressa un sourire complice, car il avait entendu quelques rumeurs au sujet de la jeune fille.

« - Que diriez-vous d’un petit entraînement à l’arc ? »

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Maelya était une jeune femme remplie de compassion et de compréhension, c’est pourquoi elle arrivait la plupart du temps à s’adapter à divers situations, qu’elle soit plaisante ou non, tout en ayant analyse très diplomate. Ce qui lui valait un grand soutien des gens qu’elle côtoyer même si la princesse n’hésitait pas à laisser transparaître certaines émotions qui pouvaient parfois se montrer contradictoire avec ses paroles diplomates mais pourtant sincères.

La jeune femme avait un peu de mal à savoir le fond de la pensée de Slaadhor. Elle avait tout d’abord cru qu’il s’intéressait vraiment à elle, puis elle avait pensé qu’il chercher une excuse pour rester le moins de temps en sa compagnie même si elle s’était rapidement aperçu du contraire, elle avait parfois un comportement relativement excessif.

Néanmoins la princesse appréciait beaucoup sa compagnie ainsi que celle de son écuyer Haraal qui l’a faisait beaucoup rire avec ces divers mimiques de petit garçon. Elle aimait beaucoup cette ambiance autour d’eux qui était si solidaire et fraternelle, très différente de l’ambiance qu’elle connaissait dans son royaume. Elle se mit à espérer secrètement de vivre encore bien des moments comme cela.

Il y eut en long silence entre le chef des chevaliers et Maelya. Chacun promenant son regard dans la vaste pièce et laissant vagabonder ses pensées. La jeune femme en profita pour essayer de mémoriser le maximum de visage qui se trouvait autour d’elle, même si elle ne connaissait ou ne reconnaissait personne, ce qui était normale puisqu’elle n’était à Emeraude que depuis peu.
Soudain Slaadhor lui proposa un petit entrainement à l’arc, le visage de la jeune femme s’illumina alors et elle lui renvoyant le sourire complice. Se remémorant sa conversation avec le roi-sorcier elle se fit la réflexion qu’elle ne lui avait jamais parlé de son aversion pour le tir à l’arc, mais peu importait.

-Ce serait un réel honneur de pouvoir m’entrainer avec vous, mais ne soyez pas surpris si je vous surpasse en la matière dit-elle d’un air taquin.

La princesse le regarda d’un air espiègle, elle n’aurait pas rêvé meilleur divertissement que celui-ci, le tir à l’arc étant une de ces plus grandes passions et ce dont à quoi elle passé majoritairement tous ces temps libres. Et puis elle allait enfin pouvoir mettre ces compétences à l’épreuve, d’autant plus qu’elle allait s’entrainer avec le chef des chevaliers, un redoutable adversaire. La partie allait très certainement être amusante.

-Vous avez vraiment eu une excellente idée, mais ne devrions-nous pas nous changer avant cela afin de ne point abîmer nos belles tenues ?

» Une étrange découverte. [Privé]
» "La flèche a déjà atteint sa cible avant d'avoir laissé l'arc" [Privé]
» "Il n’y a pire chose que d’avoir des alliés, sinon de faire la guerre sans allié." [Privé]
» Rencontre entre un prince et une princesse[PV Maelya]
» Rencontre entre chevaliers[PV Slaadhor et Winnie]

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