Venez à moi [Keriwena]

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Enlevant son masque monstrueux imposant, Feard-El se laissa aller, reposant son dos fatigué contre le siège de marbre, échappant son casque à terre. Dans un long soupir, l’Empereur passa quelques doigts sur son visage, capturant quelques sueurs froides. Épuisé, il était complètement mort. Toute l’énergie qu’il catalysait dans son sang le stressait au plus haut point, mais il n’était pas un faible, il ne gémissait point. C’était un prix à payer pour imposer sa terreur sur son empire, et jamais il ne s’en plaindrait. De toute façon, ce n’était pas sa préoccupation première; il avait plein de sorciers à sa disposition pour lui redonner de la force. Et puis, que serait un Empereur s’il ne s’imposait pas à son peuple dans une grandeur démesurée?

― « Keriwena! » gueula-t-il de toutes ses forces, sa fatigue musculaire ne l’empêchant certainement pas d’utiliser ses cordes vocales. L’écho de son hurlement se percuta à tous les murs de sa forteresse, et bien que tout le monde sût qui Feard-El convoqua, leur rencontre allait être des plus secrètes, personne n’osant s’approcher du chef ultime d’Irianeth et de ses conseillers.

La jeune femme était l’une de ces rares créatures auxquelles l’Empereur daignait faire confiance. Elle était l’une des rares personnes à avoir vu son visage, et à avoir le droit de le voir nu. Il lui confierait tous les secrets du monde, la préférant même à sa propre fille, qui, d’ailleurs, manquait à l’appel depuis un moment. La sorcière était exactement comme il la voulait; fidèle, ne remettant rien en question, intelligente et vive d’esprit, mais encore plus important, extrêmement puissante. Ce n’était pas pour le rien que malgré son jeune âge, elle soit l’une des plus près de lui. Après tout, il s’était assuré de son éducation très tôt, pour qu’elle soit à son image. Eh bien entendu, il s’était assuré qu’elle sache comment prendre soin de lui et de sa fatigue constante. Heureusement pour lui qu’elle était complètement fermée aux autres; il allait pouvoir la garder avec lui pour le restant de ses jours.

― « Keriwena, » interpella-t-il sa sorcière, d’un ton las et si vieux, alors qu’elle s’occupait de lui, l’ayant maintenant rejoint, « Où est ma fille? » Cela faisait plus de deux jours qu’il ne l’avait plus repéré sur son continent, et cela l’inquiétait au plus haut point. Aléanarya aurait-elle osé le déserter? Malgré leur relation désastreuse, jamais il n’oserait imaginer tel scénario. Alors, où pouvait-elle bien être? Pourquoi ne pouvait-il pas repérer sa présence avec ses sens? À ce qu’il sache, elle n’était pas capable de lui cacher sa présence, elle n’était pas aussi puissante que lui. C’était bien pour cela qu’elle était chevalier, même si son sang de fée azurée faisait-elle la meilleure de son Ordre. Pourtant, peu importe ce qu’il faisait, il ne la retrouvait pas. C’était terriblement angoissant pour lui, surtout vu qu’il était son père. Il ne la haïssait pas, tout de même, c’était sa fille à lui… mais peut-être que, vu son état, il n’avait tout simplement pas la puissance pour la retrouver, même s’il avait été capable de localiser bien des gens dans sa forteresse… Enfin, peut-être que sa sorcière bien-aimée serait assez puissante pour la retrouver pour lui? Ou peut-être même savait-elle quelque chose qu’on aurait omis de lui raconter…

―« Ma fille est toujours sur mon continent, n’est-ce pas…? »

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Comme depuis ces deux derniers jours, Keriwena était dans son alcôve essayant sans relâche de savoir où était et ce que faisait Aléanarya la fille de l’empereur lorsqu’elle entendit Feard-El l’appeler. Elle savait que lorsqu’il l’interpellait ainsi c’est qu’il avait dépensé énormément d’énergie et qu’il était dans un grand état de vulnérabilité. C’est pourquoi elle devait se hâter d’allé le soigner.
La jeune femme sortie alors de son antre et se précipita dans celle de l’empereur qui était à quelques pas de là.

-Mon seigneur dit-elle en rentrant dans la pièce circulaire et en faisant une petite révérence devant lui tout en se hâtant de le soigner du mieux qu’elle le pouvait.

La jeune sorcière ferait n’importe quoi pour lui, elle lui était dévoué corps et âme et serait prête à tout même à sacrifier sa propre vie pour le protéger.
Tout en écoutant ce que lui disait l’empereur, elle finit de le rétablir et commença à lui faire part de ce qu’elle avait découvert.

-Maitre, depuis deux jours déjà je travaille sans m’arrêter sur la localisation de votre fille. Grâce à ma magie et surtout à mes convictions j’ai réussi à localiser votre fille sur la côte Sud du continent de l’autre côté de l’océan, dans un royaume que ses habitants appellent Zénor. Néanmoins je n’ai pu rentrer en contact avec Aléanarya car une puissante magie me bloque l’entrée de ces pensées et la visualisation du lieu exacte ou elle se trouve. D’autant plus que je soupçonne une force de provenance divine à l’origine de ce stratagème.

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Enfin, elle était là. Enfin, quelqu'un sur qui compter. Enfin, une personne de confiance. Il lui était presque impossible de douter de Keriwena. Elle avait grandit près de lui et elle n'avait de cœur que pour lui. Elle lui était ouverte comme un livre, et il n'avait même pas à la diriger, elle savait exactement quoi faire. Elle avait toujours l'initiative de trouver ce que son Empereur voulait, avant même qu'il réalise ce qu'il désirait.

Malheureusement, ce qu'il désirait savoir, ce n'était pas toujours une bonne nouvelle. Bien que Feard aurait espéré entendre de bonnes choses, il ne pouvait aucunement mettre le blâme sur sa sorcière. Elle avait fait un très bon boulot, mais il en restait néanmoins le cœur chaviré. Il ne pouvait pas lui demander de changer les choses, c'était hors de ses limites. Surtout s'il y avait intervention divine...

― « Ma fille, sur le continent ennemi...? Ma fille m'a... abandonné...? » Choc total. Pour un moment, il ne pensait plus, devant assimiler le coup. Sa fille l'avait quitté? Sa fille l'avait... abandonné? Non, il fallait songer à la possibilité qu'elle se soit fait kidnappée, qu'elle est prisonnière... mais Feard-El n'y croyait pas. Il l'abandonnait avant même qu'elle l'abandonne. Pour lui, le mal était fait. Il n'y avait aucune place aux excuses, il n'y avait qu'un deuil à faire. Un échec total et complet; il avait non seulement perdu le chef de son Ordre, mais aussi sa fille, son héritière. Il allait devoir se trouver une femelle pour qu'elle lui fasse un enfant... Voilà vingt ans de perdu! Et avec son corps frêle au sang terni par l'humanité!

― « Il va falloir que j'en parle avec mon maître... » soupira-t-il tout en se relevant, repoussant lentement Keriwena d'un bras, sans reprendre son casque. L'Empereur au cœur lourd se mit à faire les cents pas, très inquiet par cette sombre nouvelle. Et les autres chevaliers... allaient-ils se rebeller, eux aussi? Est-ce que tout son peuple tentait de se révolter contre lui? Aléanarya essayait-elle d'acheter les humains d'Enkidiev pour le tuer?

― « Une intervention divine, tu dis? Pas... Pas Azcatchi, tout de même...? » Le jour de la trahison de son mentor était-il enfin arrivé? Lui avait-il volé sa fille pour mieux le tuer? Non, il n'avait pas encore tout repris ses forces. Non, non, il devait se calmer, ça ne serait pas logique que le dieu déchu s'allie à son ennemi pour détruire son allié, tout de même... Et encore, comment expliquer la trahison de sa fille? Ah, oui; sa curiosité.

― « À Zénor? Tu veux dire que ce dieu est à Zénor, ou cette intervention t'a bloquée à partir d'ailleurs? »

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La jeune femme aurait aimé apporter de meilleures nouvelles à son maître. Elle le voyait bien il était complètement sous le choc, il ne s’attendait pas à de telles révélations, mais hélas c’était la vérité.
Même si Keriwena avait toujours était la personne qu’il aimé le plus quitte à négliger l’attention qu’il accordait à sa propre fille, l’empereur ne s’en sentait pas moins anéanti et trahi.
La sorcière comprenait bien cela et savait interpréter les moindres émotions de Feard-El, cependant elle n’arrivait pas à éprouver la moindre émotion, son cœur était de glace et son esprit barricadé aux moindres sentiments. Les seules choses qu’elle éprouvait c’était cette adoration pour l’empereur ainsi que le fait de toujours vouloir le satisfaire c’était sa seule raison de vivre (du moins pour l’instant)

-oui mon seigneur, c’est bien une intervention divine que je perçois comme si un voile s’étendait autour de votre fille comme pour nous cacher sa situation ainsi que ces faits et gestes. Hélas je n’ai pas pu déterminée à qui appartenait exactement cette essence. Néanmoins je ne pense pas que cela puisse être l’œuvre d’Azcatchi, mais je peux me tromper. Et oui Aléanarya est bien sur le continent ennemi, à Zénor, du moins pour l’instant. J’ai pu la localiser juste avant que cette mystérieuse divinité ne me masque sa présence.

Après lui avoir dit cela, la jeune femme se trouva relativement inquiète pour l’empereur, il utilisait beaucoup d’énergie pour mener son royaume d’une main de fer, et cela rajouté à toutes les informations qu’elle venait de lui livrer n’améliorait en rien sa santé. De plus malgré tous les soins qu’elle lui prodiguait il n’était jamais vraiment complètement rétablie. Elle allait vraiment devoir rechercher un moyen de lui redonnait pleinement toute sa vitalité d’antan.

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Si l'Empereur était un fervent croyant qui se laissait mener telle une brebis, il se serait mit à prier. Ayant rencontré leur divinité de ses propres yeux et ayant entreprit un apprentissage sévère avec celui-ci, Feard-El ne croyait plus mais savait. Il savait qu'il ne pourrait pas demander à son maître de se charger de sa fille, surtout si elle était en présence d'un dieu... Azcatchi était une divinité déchue, exilée, il ne pouvait pas faire face aux autres divinités encore. Il allait devoir s'en charger par lui-même... mais comment? Si elle avait une protection divine...

― « Keriwena, ne fais pas cette mine, » dit-il tout doucement, comme un père tendre l'aurait fait avec sa fille, en relevant la tête d'un doigt sous son menton. « Tu as bien fait de me le dire... C'était sûrement mieux que je l'apprenne maintenant de toi... » Il n'aurait sû imaginer sa réaction si les chevaliers d'Enkidiev devaient débarquer ici et l'attaquer, sa fille dans leurs rangs. Sa fille, la chef de son Ordre! Qui l'avait trahit! Comment avait-elle pu oser?

― « Cette... intervention divine, elle ne se dirige pas ici, n'est-ce pas? Elle ne vient pas nous attaquer...? » Feard-El n'y avait pas songé. Il avait été tellement sous le choc de la trahison de son enfant qu'il n'avait pas réalisé que son empire courait un autre danger que celui de la trahison. Si un dieu s'était placé entre lui et sa fille... si un dieu avait manipulé sa fille pour que celle-ci adore lui plutôt qu'Azcatchi, il devait sûrement planifier une attaque contre lui! Mais les dieux avaient-ils le droit d'interférer sur Irianeth? Son maître serait en danger alors... mais avec le temps, ils auraient sûrement fait de quoi, non? « Ah, il faut que j'en parle avec mon maître... » répéta-t-il, recommencant à faire les cents pas.

Rongeant ses inquiétudes intérieurement, l'Empereur prit un long moment avant de réaliser que Keriwena se faisait du souci. Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi elle semblait si attristée. Tout l'entourage de l'Empereur était inquiet par son état de santé, mais après un peu de repos, Feard-El reprenait toujours ses forces. Il devait juste comprendre ses limites... après, il allait être correct. Il n'y avait pas de danger. Keriwena faisait du bon travail, de toute façon. Il avait entièrement confiance en ses talents.

― « Ne t'inquiètes pas, Keriwena, c'est de ma faute de toute façon. J'ai été trop loin, cette fois-ci, je dois ménager mes forces. Je serais de meilleure forme demain. Je vais aller beaucoup mieux lorsque j'aurais tranché la tête de cette traîtresse... » Eh oui, Feard-El avait déjà formé son opinion, et il lui faudrait des marrées d'arguments de taille pour qu'il puisse changer d'avis. Pour lui, c'était clair, elle s'était trouvé un nouveau dieu et elle allait l'aider à le tuer. Pour lui, elle n'existait plus, il n'avait plus de fille et il devait se chercher un nouveau chef pour son Ordre. Il ne restait plus qu'une chose à savoir, maintenant...

― « Devrais-je me rendre à Zénor pour la tuer? Si le dieu est là, je risque ma peau... »

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Tout en observant et analysant les différents comportements et interrogations de l’empereur, Keriwena était déjà en train d’établir un plan d’attaque concernant la fille de l’empereur.

La jeune femme avait beau réfléchir elle ne comprenait pas pourquoi Aléanarya était partie. Les avait-elle vraiment trahis ? Ou était- elle victime d’un complot visant à la tuer et à se servir d’elle comme appât afin de tendre un piège à l’empereur ?
En tout cas une chose était sûre c’est qu’elle était partie d’Irianeth de son plein gré et cela sans en avoir parlé avec son père, et cela justement elle ne le comprenait pas.

En même temps les deux jeunes femmes étaient très différentes, contrairement à Aléanarya, Keriwena était depuis la mort de ses parents complètement dévouée et asservie envers Feard-El. L’empereur était la seule personne qu’elle aimait et appréciée même si elle ne savait pas d’où venait tout ce dévouement et tout ce qu’elle ressentait pour lui.

Elle fut tirée hors de ses pensées lorsqu’il lui demanda si la force divine se diriger vers le continent ou si elle allait les attaquer.

« Mon seigneur, je ne peux vous dire avec certitude les intentions de cette force divine. Tout ce que je sais pour l’instant c’est qu’elle se situe belle et bien à Zénor et qu’elle n’a encore point bougé et n’a non plus pas essayer de se diriger vers nous. Néanmoins je pense qu’il faudrait que l’on reste sur nos gardes. C’est pourquoi je vais continuer à la surveiller afin de ne pas être pris par surprise. »

La jeune femme avait bien vu que depuis le début de leur conversation son maître était de plus en plus tendu et stresser. Elle décida donc de le détendre un peu, elle se posta derrière lui appliqua ses mains douces et froides sur sa nuque et commença à le masser afin de le détendre.
Tout en continuant son action elle exposa son plan à Feard-el.

« Je refuse que vous partiez à Zénor risquer votre vie, celle-ci est trop précieuse pour le continent (et pour moi pensa-t-elle). J’irai à votre place à Zénor ma vie a beaucoup moins de valeur que la vôtre et je vous ramènerai votre fille vivante. Comme cela vous pourrez décider de son sort, à moins que vous préfériez que je m’en charge. Je vous laisse choisir ce que vous préférez le mieux. »

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Cette divinité était immobile? Bien... c'était rassurant. Enfin, il l'espérait. Pour l'instant, Irianeth n'était pas prête à affronter une divinité, ni-même son maître, et si cette divinité ne se dirigeait pas ici, c'était parce qu'elle n'avait pas repéré le dieu déchu. Par contre, cela pouvait aussi dire que cet être divin amassait des forces sur Zénor, et qu'il préparait une gigantesque attaque contre eux. Devrait-il ordonner à ses troupes de bâtir une solide défense? Ils avaient été pendant tellement d'années en mode offensive... Oui, ils devraient solidifier leurs murailles et la forteresse. Il avait besoin plus d'insectes pour enrichir leur armée. La ruche était trop vide contre un dieu.

D'une petite pensée, Feard-El envoya l'ordre de préparer une défense contre une éventuelle attaque à ses insectes, grâce à la collectivité, tandis que sa sorcière se mit à lui masser les épaules. Bientôt, tous les insectes changèrent leurs horaires, se mettant à construire de plus grosses fortifications et s'entraînant plus durement. S'il y avait une bonne chose avec les insectes, c'était bien qu'elles étaient persévérantes! S'ils étaient des humains, ils ne feraient que se plaindre. Quelle chance que Keriwena était une véritable perle rare! Elle n'était pas comme sa mère, si faible, qui gémissait tout le temps. Elle était fière et dure, comme une personne se devait l'être

― « Parfait, prépares ton départ, mes seccyeths t'y amèneront. En même temps, tu pourras... oh! »

Tandis qu'il visualisait déjà dans sa tête Keriwena en train de torturer sa fille, un oiseau entra dans la salle de trône par une petite trappe. La bête noire décrivit quelques tours tout au long de la salle, puis vint se poser sur l'avant-bras de l'Empereur, qui l'avait ordonné de faire ainsi. Feard-El saisit l'oiseau, détacha la ficelle autour de sa patte et le laissa repartir, tenant une lettre dans ses mains.

« Cher père
Je t’envoie cette lettre pour te dire qu’il ne faut pas que tu t’inquiètes et que je suis sur le continent des humains, je ne t’ai pas trahi et je te trahirai jamais sache-le. Je ne sais pas quand je reviendrai mais fais-moi confiance, je t’expliquerai tout en rentrant.
Ta fille Aléanarya »

― « Hum... » marmonna-t-il, avant de poser la lettre sur une table, prêt à faire les cents pas à nouveau. Que penser de cette lettre? Elle disait de ne pas s'inquiéter, mais... c'était ça, sa nature! Il était tout le temps inquiet, il avait toujours peur que les gens le trahissent! Surtout elle... et elle disait de lui faire confiance, qu'elle ne ferait pas ça! Mais pourquoi ne lui avait-elle rien dit? Pourquoi avait-elle fait cela en secret? Bien sûr qu'il était convaincu qu'elle l'avait abandonné, on ne fait pas ça à son père, voyons! On lui dit avant de partir ce qu'on allait faire, sinon, il allait se faire des idées!

― « Qu'est-ce que je fais... » soupira-t-il, en s'appuyant contre la table, la tête baissée. Devait-il lui faire confiance? L'avait-elle trahit? Pouvait-il lui donner une chance de s'expliquer? En fait, ce qu'il se demandait réellement, c'était s'il s'inquiétait que sa fille l'ait quitté, ou s'il s'inquiétait qu'il ne l'aimait pas comme un père devrait aimer sa fille.

― « Keriwena. » L'Empereur prit une grande respiration, puis se redressa, se retournant vers sa sorcière. « Va à Zénor. Cette présence divine m'inquiète. Espionnes-les et assure toi que... que ma fille va bien. »

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Faisant également partie de la collectivité, Keriwena entendit donc l’ordre que donna l’empereur aux insectes concernant la fortification des murailles et des entrainements plus intensifs. C’était une excellente chose, il valait mieux mettre toutes nos chances de notre côté dès le départ au cas où l’on serait éventuellement attaqué.
Cette prévision permettra à l’ensemble de l’empire de se préparer au mieux et sûrement de s’assurer cette fois la victoire.

Feard-el avait l’air plutôt satisfait d’elle et des services qu’elle lui rendait. Elle ne fut donc pas surprise lorsqu’il adopta la solution qu’elle lui avait énoncé auparavant et qu’il décida donc de l’envoyer à Zénor. La jeune femme allait alors s’en aller afin de préparer son voyage, lorsque l’empereur s’interrompit en pleine phrase et qu’un oiseau se jucha sur son avant-bras, apportant une missive. Elle trouva cela vraiment curieux car plus il avançait dans sa lecture, plus son expression se métamorphoser.

La sorcière ressentait son trouble et ses nombreuses interrogations, elle ne pouvait toutefois pas l’aider puisqu’elle n’avait aucune idée de quoi il en retournait. Certes elle était une sorcière mais d’une part elle n’avait pas le droit de rentrer dans l’esprit de son maître ce qui était et de toute façon lui paraissait irrespectueux. Et d’autre part elle ne pouvait se permettre de lire ce que Feard-el avait reçu. De toute façon ça devait être personnel et si il voulait lui en faire part il le ferai.

Le voyant de plus en plus inquiet, Keriwena risqua une étreinte pleine d’affection comme celle qu’il lui donnait petite pour la rassurer.

Lorsqu’il lui rendit sa décision, la sorcière le regarda d’un air perplexe.

- Monseigneur j’ai peur de ne point vous comprendre. Le fait que cette présence divine vous inquiète et que vous désirez que je l’espionne pour en apprendre plus ça je le conçois. Mais que vous m’envoyez là-bas afin que je m’assure que votre fille se porte BIEN ! Alors qu’il y a quelques minutes à peine vous la renier, vous vouliez que je la torture et que je vous la ramène pour achever son existence. Je vous avoue que je ne vous suis plus du tout

La jeune femme était complètement perdue, comment son maître avait pu changer de comportement vis-à-vis d’Aléanarya en si peu de temps ? Cette missive qu’il avait reçu par l’oiseau y était-elle pour quelque chose ?

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― « Je sais… Moi non plus… » Feard-El était confus, il ne savait plus quoi penser. Il ne s’attendait tout simplement pas à une lettre de sa fille. Se rendant compte que sa sorcière ne l’avait pas lu, et qu’elle ne pouvait donc pas comprendre le contexte, il lui tendit le parchemin, sans la regarder, la tête toujours baissée malgré l’étreinte. Il ne s’attendait tout simplement pas à ce genre de chose. Une traitresse lui aurait-elle envoyé une lettre comme ça? La journée même qu’elle partait? S’il n’avait pas demandé à Keriwena, il l’aurait appris avec cette lettre; aurait-il eu une réaction différente?

Mais si c’était bel et bien un acte qu’un traître ferait, pour assurer une confiance aveugle tandis qu’on complotait derrière le dos? Au fond de lui, il ne la croyait pas capable d’une telle traitrise, mais si c’était le dieu qui la contrôlait? Peut-être qu’il devrait se méfier de la lettre… Au moins, il savait que c’était bien sa fille qui avait écrit la lettre; même si leurs relations n’étaient pas les meilleures au monde, il pouvait reconnaître l’écriture d’Aléanarya parmi tant d’autres.

― « Vas-y quand même. Va espionner les deux. Trouves où se cache cette divinité, et va voir si Aléanarya ne complote pas contre moi, » trancha-t-il, se décidant sur un plan non-négociable. « Peut-être même qu’elle a été faite prisonnière par ce dieu… » rajouta-t-il, un peu plus bas, mais que Keriwena comprit tout de même, vu sa proximité. Qu’allait-il bien pouvoir faire, si tel cas advenant? Allait-il demander à Azcatchi de l’aider à libérer sa fille, contre un autre dieu? Non. Son maître ne se préoccupait pas des affaires des mortels, et il était hors de question qu’il se confronte à un de ses confrères aussitôt. Allait-il être obligé d’abandonner sa fille? Pour une raison qu’il ne put expliquer, cette pensée lui déchira le cœur. Pourtant, il y avait quelques minutes à peine, il était prêt à trancher la tête de sa fille…
Mais ça, c’était parce qu’il était convaincu qu’elle l’avait trahit. Maintenant, il avait un doute.

― « Enfin, si tu te rends compte qu’elle a changé de camp, qu’elle nous vend à l’ennemi, tu as le droit de l’exécuter. Sinon, ramènes-la ici. Elle n’a pas sa place là-bas. Elle est supposée diriger mon ordre de chevaliers, après tout! »

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La jeune femme prit la lettre que lui tendait l’empereur, et la lu attentivement. Tout comme son maître cette dernière la troubla beaucoup et elle put enfin comprendre les émotions qui avaient traversées Feard-El quelques minutes plus tôt.
Elle avait également du mal à comprendre la situation. La meilleure solution était donc de partir et aller à Zénor afin de savoir réellement ce qui se passait là-bas. Oui c’était ce qu’il fallait faire… au moins ils seraient tout deux qu’elle attitude adopter.

De toute façon, les choses étaient simples soit Aléanarya les avait trahis et dans ce cas-là elle l’exécuterait sans aucune pitié. Dans l’autre cas, elle veillerait à la sécurité de la chef des chevaliers et si jamais elle était vraiment en danger elle l’a protégerait et n’hésiterait pas une seconde à la ramener sur Irianeth.

Elle devait donc vite préparer ses affaires et établir un plan pour pouvoir espionner discrètement la fille de l’empereur sens se faire remarquer par celle-ci ainsi que par la divinité qui occupait les lieux. Keriwena allait devoir être extrêmement vigilante car elle ne savait pas à qui elle allait avoir à faire, d’autant plus qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur. Aucun faux pas ni mauvaises interprétations ne seraient admis. C’était là une importante tâche et elle devait s’en acquittée sans plus tarder.

-Très bien Monseigneur je vais rassembler ce dont j’ai besoin et je vais de ce pas à Zénor. Si il s’avère que votre fille vous a réellement trahie je n’hésiterai pas à la ….. (elle mima le geste en faisant glisser son pouce contre sa gorge)
Dans l’autre cas je l’a protègerai et la ramènerait ici tout en oubliant pas d’épiait dans les moindres détails ce qui se passe là-bas. Si vous le permettait je me retire de ce pas afin de m’acquitter au plus vite de cette grande tâche. Je ne vous décevrais pas.

La sorcière lui fit un baisemain, s’inclina respectueusement et se dirigea vers son antre afin d’organiser au mieux sa mission.

» Keriwena sorcière d'Irianeth
» Petit entrainement [ PV Engar & Keriwena]
» Avant le grand retour... [Azca & Keriwena]

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